Ce lundi 21 mars, la police fédérale de l’arrondissement de Dinant a donné une conférence de presse sur son « plan d’action motards » de la saison 2005. Tout au long de la belle saison, les polices fédérale et locale vont organiser des actions de « prévention », puis de répression, à l’encontre des motocyclistes dans les vallées du sud de la province de Namur. Entendez ici, grande campagne de contrôle de vitesse, alcoolémie, état de la moto et mesure de bruit.
La FEDEMOT était conviée à cette conférence et a eu l’étonnement de découvrir que les associations de motocyclistes sont partenaires de cette campagne. Nous n’avons pourtant été invités à cette conférence que le 18 mars dernier et jamais nous n’avons été contactés pour participer à la préparation des événements.
Le communiqué de presse donné à cette occasion est édifiant. L’ensemble des données que l’on trouve dans le document a beaucoup étonné nos représentants. La police fédérale insiste sur l’ « importance du nombre d’accidents de roulage impliquant les motards ainsi que les conséquences graves qui en découlent » dans le sud de la province de Namur. Les chiffres avancés par leurs statistiques prouvent pourtant que le pourcentage d’accidents impliquant une moto est parfaitement égal à celui de l’ensemble de la Belgique.
Le reste des statistiques avancées est tout aussi bizarre. Sans pouvoir évaluer la cause première des accidents, entre autre parce que les formulaires utilisés pour récolter les données sont trop vagues (de l’aveu même de la personne expliquant ces chiffres), la vitesse est considérée comme la cause première. Or, toutes les études actuelles nous prouvent que les accidents impliquant une moto ont pour première cause la faute d’un autre usager (distraction, refus de priorité) ou des éléments indépendants de la volonté des conducteurs (mauvais état de la chaussée...).
Le bruit causé par les motos est aussi mis en avant pour justifier les prochaines actions de la police fédérale. Si le bruit émis par certaines motos peut entraîner des nuisances pour les riverains de certaines routes très fréquentées par les motocyclistes, il s’agit là d’une minorité de véhicules qui ne sont en effet plus conformes aux normes de bruit qui leur sont applicables. La police ne fournit d’ailleurs aucun chiffre probant à ce sujet : pas de nombre de plaintes concernant ces nuisances et, à fortiori, pas d’augmentation significative du nombre de plaintes. Dans cette affaire, il est certain que le nombre important de cyclomoteurs trafiqués en circulation n’est pas à l’avantage de la majorité des motocyclistes dont le véhicule n’est pas vraiment plus bruyant qu’une voiture.
De plus, la FEDEMOT émet de sérieux doutes sur la validité des tests de bruit effectués en plein air, par tout temps et avec le bruit de circulation toute proche en fond sonore. Comment la police va-t-elle garantir aux usagers que le contrôle est bien effectué dans les règles prescrites et qu’aucun bruit ne vient parasiter la mesure ? Aucune réponse sur ce sujet n’a été apportée lors de la conférence.
Enfin, la moto n’a pas une très bonne image dans l’arrondissement de Dinant. La police parle de « victime de la moto », elle n’a que « vitesse excessive » et « comportement agressif » à la bouche. Elle souhaite « protéger le motard » et, par des contrôles de vitesse et des contrôles au sonomètre, arriver à ne plus avoir de décès dans le sud de la province. A les lire, le motocycliste est donc un usager agressif, irresponsable, victime de sa passion et, surtout, responsable des accidents par sa vitesse excessive.
Voilà donc sur quelles bases l’arrondissement de Dinant souhaite « protéger le motard » : des statistiques vagues, basées sur des données insuffisantes, des évaluations non vérifiées de la vitesse lors d’accidents et des « on-dit » sur l’impression de bruit.
La FEDEMOT ne pouvait donc que dénoncer ces actions de pré-répression, et bientôt de répression, dirigées vers les seuls motards, parce qu’elles ressemblent beaucoup à une diabolisation de cet usager. Mais aussi parce que le faible pourcentage de motocyclistes qui roulent trop vite, agressivement et avec un véhicule trop bruyant va tout simplement se déplacer et aller faire ces folies dans les autres provinces. On risque bien, ici, de voir nos forces de l’ordre rester bredouilles, à ennuyer des usagers parfaitement en ordre.
Cependant, le message est clair « il faut que les motards sachent que la police va veiller, va mener des actions, qu’elle sera présente n’importe où et n’importe quand sur l’ensemble du territoire de la Province de Namur », et que cela commence ce week-end.
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